En passant

Cette saison est bien évidemment perturbée par le virus de sinistre mémoire mais les salles réouvrent avec des spectacles qui ont fait leurs preuves. Si vous les avez ratés, c’est le moment de se rattraper! Il y a aussi quelques nouveautés qu’il faut saluer!

Au théâtre de Poche, Macha Méril joue Sorcière, des textes de Marguerite Duras. à partir du 15 septembre. Un Coeur Simple, de Flabert, merveilleux monologue émouvant et drôle, incarné magnifiquement par Isabelle Andréani.
Nicolas Briançon met en scène Alice Dufour dans Mademoiselle Else, un classique recomposé pour une voix. Une réussite d’adaptation et de mise en lumière. Une belle comédienne frémissante.

La programmation du Poche est riche. D’autres spectacles sont à l’affiche dont des voyages avec Sylvain Tesson. Profitez!u théâtre Rive Gauche, Eric-Emmanuel Schmitt reprend pour 30 représentations Madame Pylinska et le secret de Chopin. C’est une pièce réjouissante, fine, pleine de joie et de nostalgie. L’auteur revient sur ses années d’études où il désire se perfectionner au piano. On lui conseille la meilleure prof de Paris aux méthodes atypiques qui vont déstabiliser notre premier de la classe et le faire grandir aussi. Jusqu’au 4 octobre.

Le théâtre Hébertor teprend dès le 8 octobre 12 Hommes en Colère, une pièce avec Thierry Frémont qui est une leçon de vie. Comment un homme engagé pour la victoire de la vérité et des faits sur les préjugés et aussi courageux, prend la parole jusqu’à faire changer d’avis tout un jury. Une histoire toujours d’actualité. A voir même si vous connaissez le film de Sidney Lumet.avec Henry Fonda.

Le Théâtre Montparnasse reprend Marie des Poules avec Béatrice Agenin, pièce récompensée aux molières 2020. La vie d’une gouvernante chez George Sand. A partir du 22 septembre. Dans la petite salle, L’un de nous deux, Mandel et Blum attendent la décision des allemands sur lequel des deux sera exécuté. Poignant. Christophe Barbier et Emmanuel Dechartre incarnent avec pudeur ces deux hommes dignes. à partir du 16 septembre.

Au Palais-Royal, Edmond, la pièce inoxydable d’Alexis Michalik, continue. Franchement vous devez être les seuls à ne pas l’avoir vue! Et vous pouvez aussi voir toutes les pièces de Michalik dont Intra Muros à La Pépinière et Une Histoire d’amour à La Scala;
La Comédie Française se pose au Théâtre Marigny en attendant les travaux de sa salle du Palais-Royal. Au programme Proust mis en scène par Christophe Honoré dans Le Côté de Guermantes,  Le Malade Imaginaire, Bajazet, et même un cabaret Mais Quelle Comédie, en décembre.

Et d’autres spectacles à venir en Octobre…

 

 

 

En passant

bdk Parfums Paris, maison indépendante si parisienne .ajoute 2 parfums sensuels à ses collections au cabochon inspiré de la verrière du Grand Palais.: Gris Charnel et Nuit de Sable. Un cadeau original qui sort des sentiers battus pour la fête des mères, ou pourquoi pas la fête des pères ou tout simplement pour porter une eau de parfum qui n’est pas celle de tout le monde. 150€ les 100 ml.

Gris charnel est un jus boisé où la figue se joint au thé noir avant de se confronter aux notes de vétiver bourbon et de santal d’Inde sans oublier l’absolu iris et un trait d’absolu fève tonka. Autre trait de caractère de cette eau de parfum, sa couleur grise très originale. s’inspire du béton du quai Tino Rossi où dansent les amateurs de samba. Un parfum urbain à la séduction parisienne.

Nuit de sable est un parfum intellectuel: imaginez une rose des sables voyageant jusqu’en Turquie engrangeant toutes les épices et odeurs traversées tout le long de son périple. La rose, le musc, la cardamome du Guatemala, la noix de muscade d’Indonésie, le cumin, le santal d’Australie..un jus subtile et délicat jusque dans sa profondeur. C’est un parfum qui se révèle sur la peau au fil des minutes.  

Et si vous êtes du genre popotte ou super pointu (e), offrez l’eau de lessive pour tout type de vêtements, organique et naturelle. 30€ le bidon!

Soirées en demi-teinte : comédie de boulevard classique et comédie de mœurs tiède

La comédie de boulevard, Le Muguet de Noël et la comédie de mœurs, Trahisons de Harold Pinter, ne tiennent pas toutes leurs promesses. Que cela ne vous empêche pas d’apprécier le jeu des acteurs d’un côté et l’écriture originale de l’autre.

Au théâtre de la Madeleine, Michel Fau, qui a connu le succès, notamment pour ses excellentes revisites des pièces des années 70, s’attaque pour la première fois à l’auteur britannique Harold Pinter, prix Nobel de littérature.
Une femme, Emma, Claude Perron, un mari, Robert, un amant, Jerry, Roschdy Zem, accessoirement meilleur ami du mari : Pinter prend le classique trio de la comédie de boulevard et analyse les relations croisées des personnages durant leur cohabitation.

Au programme, trahisons, mensonges et faux-semblant. L’amour ? Assez absent… Pour encore plus de mystère à moins que ce ne soit pour nous aider à y voir plus clair, Pinter commence par la fin. L’histoire démarre alors que Jerry retrouve Emma dans un bar quelques temps après leur rupture. Enfin, la pièce débute alors que Robert et Jerry, les deux meilleurs amis, jouent au squash.

Puis les scènes remontent le temps qui défile à l’envers au rythme de la déliquescence  des couples. Meilleurs amis, amants, mari et femme. Nous voilà un peu comme dans Colombo où l’important n’est pas de trouver l’assassin,on le connait dès le début, mais de savoir comment l’inspecteur va le confondre en suivant tous les petits détails… Ici l’objectif est de savoir comment ces 3 cobayes en sont arrivés là. Nous regardons les personnages tels des scientifiques analysant les réactions des cobayes.

L’enquête est intéressante. L’écriture de Pinter se lit entre les lignes, les silences sont parlant et les propos cruels. Il manque un peu de sauvagerie et de cruauté dans cet univers policé.
La pièce est déjà déstabilisante, il n’était pas forcément utile d’en rajouter avec un décor déconstruit et des lumières artificielles qui rajoutent à la froideur des sentiments.

Michel Fau, peut-être impressionné par le prix Nobel de littérature s’est empêché de faire « du Fau ». Dommage c’est le type de pièce où la mise en scène peut s’exprimer en toute liberté.   

Au théâtre Montparnasse, Pierre, (Frédéric Bouraly) chômeur et SDF suite à l’incendie de son appartement, .débarque chez son meilleur ami François, (Lionnel Astier).  Il est même le parrain de sa fille, Marion que François voit toujours comme l’enfant à protéger surtout de ses petits copains qui ne trouvent jamais grâce à ses yeux de père.

Ce soir là Marion fait très fort en présentant son nouveau petit ami plus âgé qu’elle et qui est aussi le patron soi-disant pas très finaud de son paternel. François va demander à Pierre son aide pour que sa fille rompe mais sans que son travail n’en souffre. Chacun joue un jeu mais attention, à malin, malin et demi. 


Dans la pièce, Lionnel Astier  et Frédéric Bouraly sont un peu comme le clown blanc et l’Auguste. L’un subit l’autre jusqu’au moment où le souffre-douleur se rebiffe se révélant pugnace. Les comédiens se démènent, le rythme est soutenu, le patron, Jean-Luc Porraz se fait idiot à souhait, Alexie Ribes joue de sa plastique aussi bien que de son talent, l’écriture a ses morceaux de bravoure sans pour autant se démarquer d’une comédie de boulevard convenue. Dommage j’avais beaucoup aimé la précédente pièce des auteurs   Sébastien Blanc et Nicolas Poiret, Deux mensonges et, une vérité. 

En passant

Les portes claquent au théâtre des Bouffes Parisiens (bien qu’il n’y ait pas de porte!) tout comme au théâtre Edouard VII. Le Système Ribadier de Feydeau propose mari, femme et amant qui se courent après même sous hypnose tandis que Frou-Frou les Bains de Patrick Haudecoeur, nous embarque dans un monde de fous hilarant.

Le Système Ribadier est un classique de Feydeau. Ladislas Cholat garde les costumes et l’époque et apporte rythme, présence physique des personnages et de la modernité en choisissant une scénographie tout en noir et blanc du décor (magnifique inspiré d’Eiffel) aux costumes des personnages. 


Mari, femme, valets et amant transi, se courent après évitant (ou pas) de justesse un rideau bien encombrant. Ils se castagnent, se trompent, et se trahissent avec enthousiasme! 


Patrick Chesnais, est parfait dans son costume d’amoureux en retard, chapeauté d’un casque colonial qui se demande ce qu’il fait là. Pierre-François Martin-Laval est un mari qui a un truc crac boum hue infaillible pour endormir les soupçons de sa femme mais attention à malin, malin et demi.

 Valérie Karsenti, femme bafouée par son premier mari est bien décidée à ne pas se laisser tromper par le second quitte à en devenir insupportable! La mécanique de Feydeau se déroule à merveille dans une mise en scène fluide et galopante. Pas de temps morts ni pour les comédiens ni pour les spectateurs qui passent une soirée avec plus de surprises qui ne l’auraient cru au départ!

Frou-Frou Les Bains est une pièce délirante, potache et hilarante. Mon Dieu mais qu’ils sont bêtes mais qu’est-ce que c’est drôle! Inspiré de Feydeau et ses qui pro quo, des opérettes d’Offenbach, et des villes d’eau du début du 20e siècle, Patrick Haudecoeur reprend sa pièce à succès pour notre plus grand plaisir. On rit à gorge déployée, tant les situations, le comique de répétition et le jeu des comédiens sont désopilants. J’avais du mal à reprendre mon souffle. 


La saison débute dans la ville thermale de Frou-frou les bains. Léger problème: plus d’eau!Voilà qui commence bien alors que les curistes arrivent. La baronne et son fils fin de race, une parisienne qui fuit un chagrin d’amour qui n’est autre que l’homme à tout faire de l’hôtel, lui-même poursuivi par la fille du directeur qui aimerait bien la caser avec le fils de la baronne. Ssans compter un client que l’on va prendre pour le plombier.

Que dire? Sinon que les situations sont désopilantes, les répliques hilarantes (comment ça kkikikoi? koikiki…) , les qui pro quo s’abattent en pagaille, les trouvailles de mie en scène se ramassent à la pelle, le tout dans un rythme effréné!
Patrich Haudecoeur, (Baptistin) qui est parfait dans sa candeur et aussi dans sa lâcheté, truffe le spectacle de chansons d’opérettes connues interprétées par une troupe qui sait danser, chanter et jouer, le tout dans la bonne humeur. On a juste envie d’entonner avec eux les refrains.

Mon Dieu qu’ils sont bêtes mais que c’est drôle! Ne manquez pas Frou-Frou les Bains, qui devrait être remboursé par la Sécurité Sociale! On sort joyeux et avec le sourire. Qu’il est bon de rire de bon coeur. Vous ne pouvez pas ne pas vous amuser à ce spectacle!