Saint Michel, Paris 5e, direction les voies piétones greco-romaines, à savoir moussakas ou pizzas.
Ma belle-sœur étant adepte de l’acropole, je suggère adroitement le resto hellène, enfin la cantine grecque, plutôt la gargote, bref un truc ou on se sustente version ouzo, taramasala, plutôt salée.
Le plus dur, le choix entre mal de cœur et indigestion. La question est : quel est le moins mauvais pour épargner nos estomacs délicats.
Donc nous déambulons, regardant vaguement les menus affichés enfin placardés. On ne peut pas les rater. Et au cas où vous n’auriez pas envie de dîner, pas de bol, on vous y oblige. Des bonimenteurs, sur le pas de leur porte vous hèlent, vous interpellent, vous ferrent, vous plaquent et vous arnaquent. On ne sait que choisir.
En gros, c’est le même menu.
« Oui, mais ici, y a le décor ». Certes, les murs en pierre et les poutres, ça fait grec autant que la crêperie, boulevard Montparnasse. « J’offre l’apéritif »,
« Athènes »,
« de la musique ».
Waoh, je suis saoule avant d’entrer. Si je m’écoutais, je fuirais plutôt jusqu’à Odéon voir les sumos. On se croirait à Pigalle : « Entrez ici, y a de la belle fille, des seins, du cul, de la b… » je m’égare.
Poussée par l’envie irrépressible de feuilles de vigne, (une réminiscence du jardin d’Eden, un vague espoir d’ « Un jour mon prince viendra ». Ca m’étonnerait que je le trouve aujourd’hui et ici, mais bon les voies du prince sont impénétrables, c’est bien connu), nous entrons.
Musique à fond, bougie dégoulinante, nous choisissons.
Moussaka pour elle, je ne préfère pas savoir d’où vient la « aka ». Pour moi, aubergine farcie. A quoi, je ne sais pas. Je n’ai pas posé la question. J’ai bien fait hein ? C’est drôle, c’est pas comme danws un autre restaurant de ma connaissance, y a pas la provenance.
Trois minutes, chronos en main, après un apéritif rose que nous n’avons pas déterminé: les dolmos (Feuilles de vigne, l’entrée) sont sur la table. En gros, en 40mn le repas est avalé mais pour la digestion, rendez-vous demain, même heure.
Pas de café, l’addition. Je jette un œil à la note qui semble correspondre. Code carte.
Sortie triomphale sous les applos de mon invitée.
Et là je commence à me poser des questions. Je ne voudrais pas paraître rat (mon signe chinois par ailleurs), mais il me semble bien cher ce repas. Car enfin, 1/ le grec est modique…en général, mon colonel. 2/ma belle-sœur n’est pas du genre à choisir le plat le plus cher. 3/ c’est pour ça que je l’ai invitée. Donc j’additionne, je multiplie, j’euroïse, je francise. J’ai beau calculer dans tous les sens, la conclusion est simple, 2 plats à 10€, pas de vin, pas de dessert, apéro offert, ne peuvent pas faire 52 €.
Ou alors, ou alors, de deux choses l’une, ou les feuilles édéniennes coûtent 25 € et sont fourrées au caviar, ce qui se saurait, ou … Smack à ma jolie belle-soeur, bonne nuit, j’y retourne.
« Vous avez oublié quelque chose ? » Oui de me faire avoir. Je peux voir la note ? Voilà, 25 €. Dyslexique, le caissier. Mais ils font tout à l’envers dans ce pays. Ca va madame, ça va ? Mieux.
Savez pas, je n’ai pas été malade, ma belle-soeur était ravie de sa soirée, j’ai râlé sans m’énerver, j’ai eu raison, je suis rentrée à pied, il faisait beau. Franchement, je reviendrais.