Les Amis du Placard, Le Technicien, Nono, trois façons de s’esclaffer franchement sur les planches parisiennes pour tous les parisiennes et parisiens ou les autres de passage à Paris.
Les Amis du Placard: Un couple odieux, mesquin, petit, petit, qui s’embête. Que faire? Pourquoi pas investir pour se désennuyer, dans l’achat de deux amis. Et oui, le monde évolue (??) et désormais les supermarchés proposent des amis pour tous les budgets! Economique en plus puisque les « amis » se contentent d’un placard pour chambre. Pendant que l’un est couché en chien de fusil, l’autre est debout. Ils se contentent de peu et sont toujours disponibles pour flatter, carresser dans le sens du poil, passer la brosse à luire, à reluire et même la repasser.
Le ton monte, les « acheteurs » riches jouent au chat et à la souris avec les pauvres « achetés » jusqu’à les menacer de les rapporter au service après vente! L’explosion couve. Les répliques fusent. Didier Bénureau est paranoïaque, raciste, goujat, méchant au possible. Il est parfait. Romane Bohringer, son épouse stupide (elle le dit elle-même), décroche la palme de la bêtise. Elle est hilarante en essayant de mettre en pratique ses cours de conversation: » que pensez-vous de l’auteur de? » Sans comprendre qu’il faut rajouter un nom d’auteur!
On rit beaucoup à cette fable qui au fond pourrait faire froid dans le dos si elle était poussée et triturée jusque dans les tréfonds de l’âme humaine.
de Gabor Rassov. Pépinière Opéra, 7 rue Louis le Grand Paris, 9e 01 42 61 44 16
Nono: Même si on ne connait pas l’auteur de la pièce au lever de rideau, on le reconnait vite. Le Maître impose ses réparties de mysogine patenté si près des femmes, dans chaque réplique. Une pièce montée avec habileté et faste par Michel Fau. Des costumes somptueux (mention spéciale aux robes de ces dames), des décors de toiles peintes et de trompes-l’oeil plus vrais que nature. Sommes-nous au début du siècle dernier? Qu’importe! Qu’importe que les hommes n’exibent plus leurs maîtresses comme des trophées (quoique), qu’importe que le fils de famille claque l’argent familial avec une grue de mère en fille (la pétillante et délicieuse Julie Depardieu que j’aimerais bien voir dans la Dame de chez Maxim’s), qu’importe que le meilleur ami pique la petite amie de son mailleur ami, que la jeunesse séduise l’homme mûr et que les femmes soient plus intéressées par l’argent de leur ami que par leurs qualités profondes. Il faut bien vivre!
Guitry a cette faculté extraordinaire de ne pas avoir vieilli grâce à son esprit si rapide et si subtile qui traverse les siècles. Une pièce de charme et de fantaisie avec des comédiens de grand talent vus sur d’autres planches dans des rôles radicalement différents. Ils prouvent un solide métier sans jamais cabotiner.
de Sacha Guitry. Théâtre de la Madeleine 19 rue de Surène Paris, 8e 01 42 65 07 09
Le Technicien: Un boulevard au Palais-Royal. Eric Assous réunit le couple Maïke Janssen et Roland Giraud dans une comédie de couple bien dans l’air de notre époque. Une femme quittée par son mari 25 ans auparavant, a réussi brillament sa carrière. Un matin, débarque le mari volage, désagenté et dépenaillé. Il vient mendier un travail. L’ex-épouse l’engage pour être technicien de surface. Voilà le fringant financier, armé d’un balai et d’une blouse. La femme se venge, l’humilie, le traine dans la boue et lui rend la vie impossible.
Rassurez-vous, il y a bien un amant qui trompe sa maîtresse, une secrétaire qui couche avec le patron, un chantage et tout bien qui finit bien! Un boulevard façon 21e siècle. Une partition idéale pour Roland Giraud qui adore la mauvaise foi et s’y complait avec bonheur et Maïke Janssen qui a un tempérament de feu et de bulldozzer qui emporte tout. Je regrette un peu trop de répliques plus vulgaires que familères ou populaires. Mais tant qu’on rit, l’obectif est atteint!
d’Eric Assous. Théâtre du Palais-Royal, rue de Montpensier, Paris 1er. 01 42 97 40 00