A propos de Martin: pièce au Petit Hébertot
Le spectacle de Roger Dumas a le charme des enseignes anciennes, des bonbonnières de verre remplies de guimauve colorée, l’odeur du feu de bois, des vieilles pierres et des poutres chaleureuses.
Sur la scène du Petit Hébertot, Roger Dumas reprend le récit de son enfance, créé il y a quelques années à Nice,à la demande de Jacques weber, alors directeur du théâtre.
Evidemment Martin, c’est lui. Un comédien ne se raconte-t-il pas au plus près de lui-même en incarnant un autre?
Martin Quelqun, « c’est toujours mieux que Personne » , est affublé d’une infirmité au grand désespoir de ces parents, boulangers. Il parle en vers et plus particulièrement en alexandrins.
Martin passe la guerre à la campagne « sous le fromage qui sèche et qui goutte sur les convives attablés dans la cuisine ». Chaque évocation est pleine de charme, de cocasserie et d’humour. Les souvenirs de Martin-Roger, sont aussi les nôtres: des premiers émois, des rêves d’enfance au professeur atypique qui marque les jeunes esprits pour toute la vie. L’enseignant de Martin, pourtant piètre comédien, décide de sa vocation en lui communiquant sa passion pour les grands textes dramatiques. Et le voilà aidant son père à la boulangerie tout en prenant des cours de danse classique dans le fournil pour devenir un comédien complet!
Le spectacle au décor réduit et suggéré, porte un goût de vie remplie, de vie qui s’écoule, de monde qui change inexorablement jusqu’à ce que l’univers qu’on a connu n’existe plus que dans notre mémoire. On rit, on s’émeut avec Martin, on se souvient, un peu comme dans la pièce de Georges Pérec, « je me souviens ». Et quand on sort, on se prend à chercher dans sa vie quel souvenir, quel moment, quelle personne, a marqué notre vie, a décidé de notre destin.