Petite revue de presse théâtrale :
Ce que l’on peut éviter :
La Cerisaie d’Anton Tchekhov à l’Odéon, mise en scène Julie Brochen.
La mise en scène noie les acteurs.
Elle refoule leur jeu derrière le décor, nous laissant loin d’eux et du coup absolument pas concernés par les scènes. Ils jouent de façon théâtrale et presque caricaturale. Dommage, il n’y a vraiment pas lieu de rajouter quoi que ce soit au texte de Tchekhov et au vague-à-l’âme de l’âme russe.
Dans un tout autre genre je n’ai pas aimé au théâtre Saint-Georges C’est pas le moment de Jean-Claude Islert avec Jacques Balutin et Thierry Beccaro.Théâtre Saint-Georges 51 rues Saint-Georges Paris 9e
Un homme trompe sa femme. Malheureusement il renverse un clochard qu’il a licencié dans un autre temps. Il le ramène à la maison et à partir de là, évidemment sa femme étant rentrée, les mensonges s’enchaînent. Le début est poussif et malgré quelques bonne répliques, personnellement je ne me suis pas vraiment amusée.
Dans la série « je n’ai pas aimé », je ne vous conseille pas, au théâtre des Mathurins La douceur du velours de Christine Reverho avec Sophie de La Rochefoucauld.
La pièce n’est pas en cause mais le jeu de la comédienne est limité. Le velours c’est celui de son canapé. Ce canapé où elle passe sa vie, à l’abri de la vie dure et dangereuse. Une femme dépressive, meurtrie par l’existence et les violences de son compagnon. Malheureusement, on reste presque spectateur malgré la qualité du texte.
J’ai aimé enfin Barbara Schulz au théâtre Montparnasse dans La Parisienne de Henri Becque, mise en scène Didier Long.
Clotilde est mère de famille, mariée à un homme confiant pas trop ambitieux. Elle a aussi un amant Lafont incarné par Jérôme Kircher, au jeu très contemporain un peu déstabilisant. Cet amant est très jaloux et la soupçonne d’avoir un autre homme dans sa vie et de le tromper, lui ! Effectivement Clotilde a une aventure avec un homme « qui se passionne pour ses fusils ». Bien que cette pièce date du XIXe siècle, son héroïne est très moderne. Elle voudrait tout: l’amour, la sécurité, être une bonne épouse en supportant et aidant son mari dans sa carrière, être une femme et une mère et pouvoir suivre aussi ses coups de coeur. Barbara Schulz est coquette mutine, naïve, mais aussi forte, manipulatrice, sensible et finaude. Elle montre là encore toute sa palette de comédienne. Henri Becque manie la langue avec vivacité, humour et élégance.
Kiki van Beethoven de Eric-Emmanuel Schmitt au Théâtre La Bruyère, 19h avec Danielle Lebrun.
Sur scène, un énorme masque de Beethoven. Le masque qui va tout déclencher. La pièce commence légère et un peu décalée avec cette histoire de masque acheté dans une brocante par Kiki. Danielle Lebrun incarne cette femme d’un certain âge qui vit dans une résidence pour personnes âgées, elle qui ne se sent pas vieille. Des copines très différentes l’entourent et lui font encore aimer la vie malgré ses tragédies intimes. Le masque et la quête de Kiki pour retrouver le bonheur d’écouter la musique de Beethoven, nous entrainent dans un monde où Kiki va retouver le sens de sa vie, panser ses blessures, donner de l’espoir et du bonheur autour d’elle. De la rencontre avec un jeune rappeur au pélerinage de Compostelle, nous cheminons avec elle avec en sourdine ou plein pot, l’Hymne à la Joie. La comédienne donne ici tout son métier et son art des ruptures à ce personnage si plein de contradictions.
Pour finir un petit Sacha Guitry ou plutôt quatre au Lucernaire jusqu’au 31 octobre. Une paire de gifles, Un type dans le genre de Napoléon, Le renard et la grenouille, On passe dans huit jours. Une jeune troupe qui joue Guitry avec rythme, élégance et pertinence. 53 rue Notre-Dame des Champs Paris-6e 01.45.44.57.34