Ah, cela fait du bien de rire! De rire franchement sans chercher midi à 14 heures, comme dirait ma mère. Voilà ce que vous offre le Théâtre de la Michodière avec A deux lits du délit« , titre intrigant et prometteur.
Lits, délits, on sent bien que nous sommes dans un vaudeville, que les portes vont claquer et les amants essayer de se retrouver et que l’on entend déjà du fin fond des coulisses ou des cintres « Ciel, mon mari » voire « Sky, my husband »!
Et oui , le vaudeville moderne est anglais, tant pis pour nous. Eux ont tout compris de Feydeau, du rythme, des qui proquo et de l’extravagance tellement extravertie qu’elle semble absolument normale dans l’enchainement des évènements. Les adaptateurs ont parfaitement réussis à « franciser » les vannes et les lieux.
A deux lits du délit, ne faiblit pas du début à la fin grâce aux rebondissements perpétuels parfaitement enchainés, aux comédiens qui rebondissent eux aussi (au sens propre et au figuré) et à une mise en scène survitaminée de Jean-Luc Moreau. Il confirme là son titre de roi du rythme et signe ici la direction de la deuxième meilleure comédie de la saison; (la première étant Stand Up de Gérald Sibleyras au Tristan Bernard)
L’histoire: Nous sommes dans un hôtel miteux à Rambouillet. Le décor met en perspective à la fois les deux chambres des deux couples adultères, placées en fond scène en surplomb et le hall d’entrée en avant-scène, entrée, fief de Nollet, le concierge remplaçant. Les deux amants ont le même faux nom d’emprunt (Dubois), l’un joue le grand jeu, l’autre est radin. Les deux maitresses arrivent, bien décidées à profiter de l’absence de leur mari pour s’amuser dans cet endroit paumé. Voilà un premier grain de sable, le téléphone des chambres ne marche pas et le second et pas le moindre: l’un des amants croise dans le hall, sa femme légitime! Et c’est parti pour le rodéo!
Si la pièce est si réussie, c’est aussi parce que les comédiens, jeunes mais déjà expérimentés, assurent le jeu, la fantaisie et la course. Oui, on court beaucoup sur le plateau, à se demander comment ils ne se trompent pas de chambre, de répliques ou de partenaires! Les filles (Mathilde Penin et Juliette Meyniac) sont charmantes et drôles. Le duo Garnier-Sentou a le peps et le souffle nécessaire et Arthur Jugnot passe du concierge je-m’en-foutiste au concierge dépassé avec son habituelle décontraction qui ne manque pas de charme coquin.
Une soirée réussie, ça ne se rate pas.
A deux lits du délit de Derek Benfield, adaptation Stewart Vaughan et Jean-Christophe Barc Théâtre de la Michodière téléphone 01 47 42 95 22 4 bis rue de la michodière Paris 2e