« Molière », répondait Sacha Guitry, quand on lui demandait « quoi de neuf à Paris ? ». Aujourd’hui, on répond « Feydeau » !Alors que le Fil à la Patte, toujours du célèbre vaudevilliste, tiomphe à la Comédie Française, le Théâtre Marigny a choisi de coproduire ce spectacle drôle et édifiant sur les couples mariés pour le meilleur et pour le pire.
Feydeau écrit ces pièces, alors que sa vie conjugale connait quelques déboires. Il plonge quatre couples dans les affres de la vie quotidienne. Ils sont flanqués de parents, de beaux-parents mais aussi de domestiques. Des serviteurs qui sont le contrepoint et les témoins de la vie petite bourgeoise de leurs maîtres. L’auteur place ses « héros » dans des situations triviales, quotidiennes et même scabreuses.
Dans Léonie est en avance, Mais n’te promène donc pas toute nue, Feu la mère de madame et On purge bébé, les personnages ont mauvaise haleine, trimbalent des seaux de toilette, parlent de purge ou se baladent en chemise transparente devant la compagnie ! Voilà pour la comédie.
- Mais ils méprisent aussi celui dont la condition sociale est inférieure à la leur, se préoccupent du qu’en dira-t-on, et peinent à taire leurs préjugés.
- Quatre pièces présentées deux par deux en semaine et en intégralité le samedi. Les comédiens mis en scène par Alain Françon constituent une troupe. Les rôles tournent suivant les personnages, tantôt maître, tantôt valet.
Le metteur en scène, ex-directeur du théâtre de la Colline est un habitué des planches des théâtres publics. Molièrisé en 2010 pour La Cerisaie, Alain Françon ne dirige évidemment pas ses acteurs comme au boulevard. Ici le trait n’est pas accentué au risque d’aplanir si ce n’est d’aplatir certaines répliques qui devraient plus faire mouche.
Alain Françon met l’accent sur la critique que le dramaturge fait de son époque mais rassurez-vous sans oublier le rire. Les situations banales deviennent hilarantes non dans la caricature mais dans l’exagération.
Mention spéciale pour Eric Elmosino, parfait en député craignant les quolibets des collègues de son propre parti (voilà qui résonne encore aujourd’hui), Anne Benoit en sage-femme autoritaire ne buvant que du champagne et Gilles Privat en valet dépassé par les évènements ou en beau-père aristocrate.
Théâtre Marigny Carré Marigny Paris, 8e réservations : 01 53 96 70 00