Dom Juan de Molière au théâtre éphémère, tout de bois vêtu, de la Comédie Française dans une mise en scène de Jean-Pierre Vincent. Brillant!
Loïc Corbery incarne un Dom Juan jeune, libertin, désabusé, en colère, jouisseur, conquérant surtout libre mais pas sans honneur. Malgré tous les signes du Ciel, les remontrances de son père, les « disputes » de Sganarelle pour le remettre sur le droit chemin et les interventions divines, rien ne le sauvera de l’enfer, pas même de se changer en hypocrite dévot.
Le décor suggéré est d’une beauté simple à l’image des arbres renversés qui structurent la scène ou de ce rideau vert du logis de Dom Juan. Mention spéciale à Serge Bagdassarian et aux campagnards, Julie Sicard et Jérémy Lopez.
Jean-Pierre Vincent ose une double fin intéressante et surprenante.
Antigone d’Anouilh, au théâtre du Vieux Colombier, est ma pièce préférée.
On pourrait dire qu’Antigone (Françoise Gillard) est le bien et Créon (Bruno Raffaelli), le roi, le mal, voilà qui serait bien simpliste et faux. Pas de manichéisme ici. Comme dans la vie, la réalité est bien plus complexe.
Antigone, jeune fille, individu solitaire, rigide sur ses principes, se lève et transgresse les ordres donnés par Créon. Parce qu’elle a soif d’absolu, parce que c’est son devoir, parce que c’est son destin? Parce qu’elle le doit. Créon exerce le pouvoir presque malgré lui. Il en faut bien un, même si le pouvoir entraine compromis et compromissions.
Anouilh a cette magie d’écrire simplement avec poésie et profondeur. « C’est plein de disputes un bonheur ». Une pièce écrite pendant la guerre encore d’actualité aujourd’hui. Mention spéciale pour le Choeur joué avec clarté par Clotide de Bayser.
du mercredi au samedi à 20h, 16h les dimanches et 19h les mardis
Ces deux tragédies d’un autre temps résonnent toujours dans notre XXIe siècle.
Parisienne à Paris - Choses vues à Paris 