Phèdre de Racine a priori ne porte pas à rire. A priori seulement. Car à la Comédie Française, le metteur en scène grec Michael Marmarinos a pris un parti pseudo-moderno-quotidien qui transforme la tragédie en drame petit-bourgeois et fait se demander au spectateur s’il doit rire ou pleurer… sur la mise en scène.
Nous voilà sur une île.En fond scène, un film se déroule, la mer et les côtes arides et pierreuses. Bon ça, ça va. Sur la scène, au fond, de hautes fenêtres, avec des volets que les comédiens ouvrent et ferment. Devant ces ouvertures, un lit côté Jardin, rouge, côté cour, une table avec une nappe courte rouge. Posé dessus, une cruche genre Duralex, un verre en verre, une chaîne hi-fi ou une radio ou un truc quand on est placé au fond de la salle. De la musique s’en échappe pendant tout le spectacle. Pénible.
En presque avant-scène, enfin, on a pensé qu’il y a de la place, un micro sur pied où de temps à autre un comédien viendra dire son texte… Tant mieux parce que j’ai failli crier à un moment « plus fort ». Entre le fait que les comédiens jouent en fond scène, voire derrière le décor ou de dos, ils chuchotent. Si l’on peut ( et doit) dépoussiérer la tragédie, on n’est pas obligé de la ramener à « passe-moi le sel ».
C’est ce que semble faire la mise en scène. Elle met les protagonistes dans des actions du quotidien et cela affadit la portée du texte que du coup on entend plus, de toute façon, on l’entend pas… Les costumes des femmes font encore assez cérémonieux mais ceux des hommes, ne les aident pas à avoir l’air de chefs de guerre avec leurs pantalons larges, chemise, gilet tricot.
Panope, annonce à Phèdre, entre la poire et le fromage, la mort de Thésée, c’est vrai que c’est un fait banal, Thésée en appelant aux dieux pour punir son fils, se sert un verre d’eau dans un verre de cantine et le balance à travers la scène… ridicule. Là j’ai failli éclater de rire et j’ai pensé qu’à une autre époque, les spectateurs auraient manifesté…Mais voilà on a de la tenue et on a les respect des artistes. Je peux difficilement m’en plaindre mais de temps en temps, j’adorerais être mal élevée.
Le plus ridicule est à venir: le final. Alors que Phèdre, foudroyée, (il faut le savoir vu qu’elle est toujours debout), qu’Hippolyte est annoncé mort, que Thésée s’aperçoit de son erreur, Cécile Brune, la pauvre, traverse la scène assez conséquente, avec un plastique à la main et vient avec tout le naturel qu’elle peut y mettre, déplier le plastique et le poser sur la fameuse radio. Là il y a un instant d’incompréhension quand tout à coup la pluie (manifestement le toit du palais est percé) tombe. ??? Mais pas un rideau de pluie, ce qui aurait de la gueule, non, un petit mètre de pluie. J’en ai déduit que cela voulait peut-être dire « après moi le déluge?
Dur, dur d’être un comédien au français.
Et ça dure 2h15 sans entracte. Heureusement, sinon il n’y aurait pas grand monde à la reprise. Jusqu’au 26 juin.
Tout a fait d accord avec ton commentaire pourtant j avais essayé de ne pas être critique.grace a toi j ai pu annuler mon RDV pris en catastrophe chez l orl des la sortie du théâtre, ..les décors étaient pourtant superbes et le texte de Racine magique ……
Valérie