J’ai bien d’autres choses à faire aujourd’hui que d’écrire sur le blog mais difficile de ne pas penser aux souvenirs que j’ai de Patrice Chéreau.
Je me souviens d’avoir accompagné mon professeur de théâtre au théâtre du Rond-Point pour voir Le Retour de Bernard-Marie Koltès. Chéreau avait eu l’audace qui avait fait beaucoup parlé, de choisir Jacqueline Maillan, la boulevardière, pour donner la réplique à Michel Piccoli. L’engagement physique, le verbe direct face au cérébral et à la diction nuancée. Quelle meilleure idée pour réunir les frères ennemis du théâtre, le privé et le public. Il y avait un tapis roulant, j’avais trouvé cette astuce formidable. La fin m’avait frappé: des applaudissements frénétiques d’un côté, des sifflets de l’autre. Hernani! Je m’étais dit que le sectarisme et les préjugés résistaient même au talent et charisme du metteur en scène le plus doué de sa génération.
J’ai vu aussi Je suis le Vent de Jon Fosse au théâtre de la Ville. Moi qui ait tant de mal avec les auteurs du nord, j’ai aimé cette pièce avec ces deux magnifiques comédiens anglais dans la mise en scène de Patrice Chéreau.
Petite anecdote triviale: Nous avions le même dentiste qui m’a dit: « quand je l’ai reçu la première fois, j’ai voulu lui dire toute mon admiration et il m’a arrêté tout de suite en me disant : non, non, ne me parlez pas de mes spectacles, merci mais non. »
Je l’ai croisé un jour, dans le Marais, il sortait d’un de ses vieux immeubles à la porte de bois monumentale. Je suis entrée. Je ne lui ai rien dit.
merci pour toutes les sensations, les émotions et même les agacements.
Bravo pour ce bel et humble hommage !
Bises
Henka