Dans la série « mode théâtrale », je demande l’animal. Que nos amis des bêtes se rassurent, aucun animal n’est maltraité sur scène…quoique.
Après parlons bas, il pourrait y avoir des spectateurs dans la salle, après les trophées de chasse pour décor, que vois-je?, des animaux vivants sur le plateau. Dans Nelson, un lapin et dans La Pèlerine écossaise, un chien.
Cela n’apporte rien à la pièce, simplement cela détourne l’attention des spectateurs des défauts du spectacle. Ca les occupe un moment. C’est un peu comme au cirque quand les éléphants, les tigres, les chevaux, arrivent. Frémissement dans la salle, mon Dieu, une bête incontrôlable qui pourrait s’échapper et ne pas faire ce qui est écrit… voilà qui met un peu de suspense dans des pièces qui en ont bien besoin.
Dans Nelson, un lapin nain, gage de la fibre écolo de la famille menée de main de maîtressse par Chantal Ladesou, dresse ses oreilles ou plutôt les couche vu les lumières et le bruit ambiant. Les spectateurs aimeraient juste que la bête se carapate, histoire de voir la tête des comédiens…
Dans La pièce de Guitry, La Pèlerine écossaise, un chien passe de temps en temps son museau, se couche, et obéit aux ordres. Parfait. On entend « il est mignon » parmi les dames. Je précise que ce n’est pas un rottweiler ni un dogue allemand. Dommage, voilà qui ferait nettement plus impression dans la salle et qui donnerait un peu de caractère à l’ensemble.
Côté pièce, Le metteur en scène Pierre Laville a choisi ( à mon avis poussé par la nécessité financière) de transposer à notre époque, ce qui coûte moins cher en décor mais enlève le charme de la Belle Epoque et de sa douceur de vivre pour une certaine classe de la société. Ce n’est pas cela qui pose problème. Le désir, le jeu de la séduction est de toutes les époques. Il y a comme une certaine lenteur dans le début de la pièce qui s’emballe quand Marcel Philippot, vieux briscard de la scène, entre. Avant, ça rame. Arnaud Denis n’a pas la légèreté, le parler champagne de Guitry qui donne toute sa force à la réplique la plus anodine. Delphine Depardieu et ses jeunes acolytes, Nathan Dunglas, Antoine Courtray, ne déméritent pas. Le spectacle n’est pas déplaisant même si de temps en temps on se demande si on n’est pas dans une représentation de cours d’art dramatique.
En parlant chien, il y a en a un formidable (à la hauteur des cabots de comédiens, ses collègues) dans Le Système Ribadier de Feydeau au Vieux Colombier (reprise en juin), mise en scène Zabou Breitman et là l’animal n’est pas un cache misère, il apporte de la fantaisie, de la vie à une pièce qui n’en manque pas!