Isabelle Adjani au théâtre, c’est toujours un événement. Le théâtre de Paris qui privilégie les stars pour remplir ses 1000 places, se frottait les mains. On espérait être époustouflé. Raté bien que je n’ai pas détesté. La pièce, Kinship de Carey Perloff, est plutôt plate et l’omniprésence de la star qui veut tout régenter, des décors aux costumes en passant par la mise en scène est un mauvais plan. Madame, un conseil, lâchez prise. Laissez les autres mettre en valeur votre talent.
Nous avons déjà un titre de pièce pas français. Why not? me direz-vous. le problème c’est que cela ne nous évoque rien surtout que le mot Kingship n’est pas franchement employé dans le franglais: parentalité. So what? on va nous parler d’enfant, de parents? Oui et non, plutôt de liens. Le thème de la pièce c’est l’amour, l’amour entre une rédactrice en chef de magazine star d’âge mur et un jeune homme épris de liberté affublé d’une mama italienne style mère juive… qui se trouve être la grande amie et confidente de l’amoureuse qui ne sait pas que l’objet de ses désirs, est son fils. Capici? Evidemment il y aura aussi l’amour maternel que rien n’arrête, pas même les relations quasi filiales entre les deux femmes.
La pièce débute et se termine par une photo monumentale de la star et de ses yeux de braise. Au début, je me suis dit: c’est peut-être un peu beaucoup… ensuite, pas de décor. la scène nue avec pour tout habillage les photos et vidéos projetées en fond scène. Un peu froid et aride. Voilà qui ne réchauffe pas l’atmosphère. Je ne sais pas quels décors étaient prévus au départ mais jugés trop lourds, ils ont été remplacés par un dispositif scénique, des images du fils d’Isabelle Adjani, Barnabé Nuytten… Côté mise en scène: comme dit une copine, « y’en n’a pas ». Le metteur en scène prévu a été viré, remplacé par la costumière (qui est aussi comédienne, je l’ai vue jouer il y a 30 ans avec des copines à moi) tout comme Carmen Maura, qui devait incarner la mère, a lâché l’affaire. Bref, personne pour tenir la contradiction. J’oubliais, dans la pièce il y a une référence à Phèdre, un parallèle, Des extraits de la tragédie sont « joués » par une jeune femme en tenue japonisante… on ne voit pas bien ce que ça vient faire là …
Quand j’ai vu sur l’affiche, direction artistique, Isabelle Adjani, je me suis dit « oups ». Personne ne sera là pour tenir la dame et avoir du recul…et j’avais raison. Dommage car les trois comédiens sont bons. Je peux même dire que je n’ai pas détesté. Mais bon, tout ça pour ça… l’ensemble est trop juste surtout pour le prix à débourser. Un conseil allez sur billet réduc si vous désirez vous faire une opinion. Pour moi, autant allez voir autre chose en attendant une pièce digne du talent de Mademoiselle Adjani qui mérite mieux. Et comme disait un couple à la sortie, « on retournera voir Phèdre, les fondamentaux, c’est aussi bien. »