Belle et sympathique expérience que d’être jury au festival 2 Valenciennes (côté documentaire). J’y ai vu de chouettes films qui nous ont fait voyager aux 4 coins de la planète et rencontrer les héros de certains. Nous avons primé The look of silence » de l’américain Joshua Oppenheimer.
Difficile de faire autrement même si « Les optimistes » de la norvégienne Gunhild Wethagen sur la vie d’une équipe senior de volley-ball féminine était vraiment sympa et fort. Des femmes de 68 à 98 ans qui trouvent la force de se lever le matin. C’est la grandeur du quotidien, les petites choses de la vie. On ne pousse pas au pathos, c’est gai et profond.
The look of silence qui parle de la recherche de la vérité sur les massacres de communistes en Indonésie était au-dessus, presque hors-concours par son sujet et son traitement. Mais par dessus tout il y a le héros, le frère d’un de ces suppliciés qui cherche à savoir encore plus que la vérité pourquoi ces hommes qui sont ses voisins et même quelquefois de sa famille ont fait ce qu’ils ont fait. Il a un regard hypnotique et fort. Indescriptible.
J’ai aimé aussi le film sur l’équipe de foot la plus nulle du monde (battue par l’Australie 31 à 0) , celle des Samoa américaines et son héroïne, Jaiyah Saelua, de son vrai prénom Johnny, défenseur dans l’équipe. Car Jaiyah est née homme mais se sent femme. Elle vit en femme mais quand elle joue au foot, c’est un homme. Ca a l’air un peu bizarre comme ça mais quand vous voyez le film « Une équipe de rêve » qui sort le 10 juin, ça ne vous surprend plus du tout. Dans son pays, les hommes comme lui portent un nom et sont reconnus: les Fa’afafine sont considérés comme le «troisième genre» aux îles Samoa. Nés hommes, ils se sentent femmes et sont parfaitement tolérés dans la société samoane, voire même adorés comme des demi-dieux réunissant les qualités féminines et masculines. Le film est l’histoire du parcours de l’équipe pour arriver à se qualifier pour la Coupe du Monde. Il y a du boulot! L’entraîneur néerlandais recruté du genre plutôt vieille école, devra se faire à la culture du pays…tout un programme. Jaiyah sera décisive dans l’un des matchs sauvant par un tacle glissé, le but de son équipe. Il parait qu’ils vont remettre ça pour la prochaine coupe du monde, ça promet.
Sinon on a vu aussi « je suis femen » sur le parcours des initiatrices de ce mouvement en Ukraine. L’une d’elle Oxana Shachko qui vit aujourd’hui à Paris dans un squat, était présente. Un bout de femme, presque une brindille avec un regard déterminé et un courage bluffant. Elle trouve que le femen françaises manifestent trop. Il y avait aussi un film très chiant donc je le passerai sous silence.
Très spécial aussi le président de notre jury qui n’a pas décroché un mot et ne s’est pas plus fendu d’un regard sur nous, humbles personnes qui constituions le jury de la presse. Il discutait donc avec le jury des talents. Manifestement serviettes et torchons ne se côtoient pas dans l’olympe cinématographique et ne connaissent pas plus la plus basique des politesses: bonjour.