Chez Alexis Gruss, le cirque est une affaire de famille, de terre et de chevaux. Le chapiteau est installé au Bois de Boulogne jusqu’au 30 mars pour le spectacle Pégase et Icare. Derrière la piste, les 48 artistes piaffent dans les écuries. Suivez le palefrenier.
« Tu n’es pas concentré », le jongleur vient de laisser échapper une massue. Charles, petit-fils du maitre des lieux, Alexis Gruss, est debout sur Eros un cheval de trait russe lancé au galop tout autour de la piste. La répétition sous le chapiteau Alexis Gruss, se termine.
Derrière le rideau, on découvre une autre piste et les écuries. De part et d’autre de deux allées, des paddocks qui abritent 48 chevaux, une éléphante, quatre chiens dont deux dalmatiens très aboyeurs, Matisse et Gauguin ainsi que des mini poneys très mignonnes. (Et oui ce sont des filles.)

© V.Guichard
7h. Les lumières s’allument, debout là-dedans ! La journée de Seurat, Chagall, Cachemire, Fado… et leurs camarades d’écurie, débute. Le cheval se lève en petit-déjeunant au foin. Puis répétition de 8h15 à midi, heure à laquelle le déjeuner de grain est servi. A 14h certains répètent sur la piste. Si c’est un jour de représentation, goûter à 17h. Les chevaux ne réalisent pas plus de deux numéros par soir. Avant ils passent à la douche « pour les faire propre. »
Ce sont tous des étalons
Les chevaux du cirque Alexis Gruss sont de races différentes selon le numéro. « Le frison est froid dans sa tête, calme, régulier, le trait est robuste… Mais ce sont tous des étalons. « Ils sont bons pour le spectacle, plus vifs, ils ont du tempérament, une morphologie plus forte et plus d’énergie. » affirme Kilian, chef des écuries. Quand ils arrivent au cirque ils ont entre deux et quatre ans et y passeront leur vie. « A la retraite, ils ne pourraient pas s’adapter ailleurs, alors on les garde avec nous, on les choie un maximum. »
Le cirque, c’est un lieu pas un spectacle
Voici que s’avance, casquette sur la tête, les yeux pétillants, l’âme du lieu, le fondateur Alexis Gruss, « le seul Gruss AOC » comme il se décrit, évoquant en filigrane le cirque Arlette Gruss. « Le cirque c’est un lieu pas un spectacle. Un lieu fait de terre et de sciure. » C’est pourquoi 80m3 de terre ont été placés là, « la terre est fertile, c’est un vrai lieu de création. » Pour la première fois depuis 20 ans, le cirque part en tournée dès mars 2016, dans les Zénith de France. Mais là aussi, la terre sera présente tout comme l’orchestre. « Je ne peux envisager le spectacle vivant sans musique vivante ».
Le patriarche se produit avec sa femme, Gipsy Bouglione. « Les chevaux sont sur scène tant qu’ils sont présentables, comme moi ». A 71 ans, il s’émerveille toujours : « Voyez ici, la veille, il n’y a rien et le lendemain, il y a tout ça ! »
Et ce n’est pas près de s’arrêter, ses petits-enfants aussi sont tombés dans le chapiteau au berceau.
Regardez la bande-annonce pour un aperçu du spectacle Pégase et Icare avec la troupe des Farfadais.