A la Comédie des Champs Elysées, Le portrait de Dorian Gray est un vrai succès. Enfin une bonne pièce! Reprise après sa création au Lucernaire, la version théâtrale du roman d’Oscar Wilde, est une réussite.
Basil, peint un chef d’oeuvre, le portrait du très beau Dorian Gray. Lord Henry qui n’aime que la beauté de la jeunesse est aussi fasciné par le portrait que par l’original. Dorian émet un souhait: que le portrait encaisse les usures du temps et de la débauche et que lui reste aussi frais et jeune qu’il l’est à ce jour. Et miracle ou cauchemar, le souhait se réalise…
Un décor épuré avec quelques meubles choisis pour situer l’action, des costumes soignés, la mise en scène est sobre, pas besoin d’en rajouter, les mots d’Oscar Wilde suffisent. Et ces mots sont évidemment remplis d’esprit et de profondeur.
Encore faut-il savoir les dire, les incarner et transporter les spectateurs. La troupe est excellente. Thomas Le Douarec (qui joue aussi Harry) a réussi son pari. On suit la déchéance de l’âme de Dorian Gray poussé par le mauvais génie, Lord Henry (Harry) qui n’a qu’en tête la beauté de la jeunesse et le plaisir. Dorian va se vautrer dans la luxure et commencer sa déchéance par rejeter sa fiancée qui désespérer, se suicide. Dorian est surpris: il n’est même pas touché.
Si l’histoire est dramatique, fantastique et aussi philosophique, on rit souvent aux réflexions misogynes et sexistes de Harry. Les tableaux s’enchaînent avec fluidité.
C’est un grand plaisir d’entendre du beau texte bien joué et d’avoir en prime de la réflexion en plus d’un spectacle esthétique où se mélangent légèreté et profondeur.
La distribution est en alternance. Le soir où je l’ai vu Arnaud Denis jouait Dorian et Lucile Marquis, les personnages féminins, Fabrice Scott incarnant le peintre et le frère de la comédienne suicidée La pièce se joue jusqu’au 25 juin.