Deux pièces: l’une enfume littéralement le public mais pas que, l’autre l’enfume dans le sens où il y a le décorum, les acteurs, la mise en scène, l’écriture…tout ça pour rien. D’un côté Le Cas Sneijder au théâtre de l’Atelier qui est réussie malgré les longueurs, de l’autre Honneur à notre élue au théâtre du Rond-Point, sans grand intérêt.
Que font les metteurs en scène de talent du théâtre public quand ils n’ont plus de théâtre à diriger? Ils s’encanaillent au théâtre privé qu’ils raillaient jusque là. Ils ne vont pas n’importe où non plus, Le théâtre de l’Atelier est un spot très couru, un endroit où l’on peut monter une pièce de qualité sans se compromettre.
Didier Bezace est de ceux-là. Orphelin du théâtre de la Commune d’Aubervilliers où les parisiens dotés d’intellect dramaturgique (ça ne veut rien dire mais on comprend quand même) osaient s’aventurer, joue et met en scène Pierre Arditi dans Le cas Sneijder.
Nous sommes dans sa tête, dans sa folie. A moins que ce soit lui, de tous les personnages, à être le plus sain d’esprit.
Le décor est très réussi avec ses portes qui s’ouvrent et se ferment sur des lieux et des situations différentes. Pierre Arditi, parfait de sobriété forme avec Didier Bezace en avocat sensible, un duo intelligent et crédible. Leurs scènes sont habitées.
Que cela ne vous empêche pas de la voir.
Cette élue est tellement parfaite dans sa probité qu’elle accepte tel Jésus de tendre l’autre joue, et se fait, tel également Jésus, trahir au chant du coq. Rien à voir a priori avec la réalité…quoique.
Quel est le propos? Le bien a besoin du mal, Dieu ne va pas sans le diable, on juge les gens non sur leurs réalisations mais en écoutant les médisances et le fameux dicton « il n’y a pas de fumée sans feu », ..rien de bien neuf, et tout cela empaqueté dans une mise en scène de Frédéric Bélier-Garcia qui en rajoute. Les comédiens sont parfaits mais on ne peut pas leur demander de changer la pièce.
Marie N’Diaye n’a plus à prouver qu’elle est un écrivain. Elle aime les mots et sait les manier mais les emploie au détriment de la dramaturgie et même de la vraisemblance. Comme disait un monsieur en sortant: « cette pièce est bavarde. » Il y a trop de mots! Trop de tout. Il y a juste une question que tout le monde se pose et que pose à la fin l’adversaire à l’élue: mais pourquoi avez-vous accepté ces parents que vous savez ne pas être les vôtres? et là, regain d’intérêt du public qui se dit qu’enfin on va nous livrer une vérité première…l’élue se penche vers l »opposant et … lui chuchote à l’oreille! C’est frustrant et facile.