Guillon, Palmade: deux humoristes en mode théâtre

Stéphane Guillon et Pierre Palmade, deux humoristes qui n’ont pas le même humour, sont à l’affiche. Ils démontrent, s’il en était besoin, qu’ils ne sont pas que des faiseurs de rires.

Au théâtre de l’Atelier, Stéphane Guillon incarne Modigliani au soir de sa vie. Pierre Palmade joue au théâtre du Rond-Point, lieu intello où on ne l’attendait pas forcément, « Aimez-moi« , dont il a écrit les sketchs. 

Dans Modi, Stéphane Guillon endosse avec aisance le costume du peintre Modigliani, homme fantasque, qui peut-être aussi charmant et amoureux que blessant et hargneux avec sa compagne Jeanne (touchante Sarah Biasini).

1917. Nous sommes dans l’atelier du peintre, un endroit pas très confortable. La vie sans argent est difficile. Mais pour l’artiste, seule sa peinture compte, il n’a que faire du confort au grand dam de la mère de sa compagne (l’éblouissante Geneviève Casile) qui ne comprend pas ce que sa fille puisse aimer cet homme rude. Jeanne, elle-même peintre, admire la peinture de son homme, ses portraits et supporte tout de lui par amour. L’artiste est tourmenté et égocentrique comme il se doit. Modi boit, déprime, s’emporte pour tout et pour rien. Il est odieux avec ceux qui veulent l’aider comme son galeriste (très juste Didier Brice) qui pourtant fait tout pour vendre ses oeuvres et améliorer sa vie.

Laurent Seksik nous emmène dans l’univers de Montparnasse où les génies de la peinture comme Picasso, Soutine… se côtoyaient, s’admiraient et se détestaient. La mise en scène de Didier Long laisse la place aux silences et aux mots.  Stéphane Guillon est comédien avant d’être « seul en scène ». S’il apporte sa carrure, son naturel, sa voix au personnage, il m’a manqué un peu de chair à l’interprétation de Modi. Certes il est fort en gueule, amoureux, ivrogne et passionné mais cette passion, m’a semblé restée en surface.
Le spectacle est agréable et donne envie d’en savoir plus sur le personnage et l’époque. Je regrette que la mort de Jeanne ne soit même pas mentionnée alors que la pièce, si elle parle de Modigliani, relate une histoire d’amour fou. Cette omission rend la fin un peu bancale. Dommage.

Hier soir j’étais à la première du spectacle de Pierre Palmade, Aimez-moi, au théâtre du Rond-Point qui a remporté un joli succès.
photos Palmade  Fabienne Rappeneau

Sur la scène, quelques cubes évoquent comme des immeubles où quelques fenêtres seraient allumées. Pierre Palmade entre simplement et nous fait une confidence: peu de gens le savent mais entre 6 et 10 ans il a été enlevé par des aigles… si, si. Ils lui ont appris beaucoup de choses mais les humains aussi.
C’est le début d’une suite de sketchs sur le thème de l’amour où l’artiste se raconte en pointillé, en parlant directement aux spectateurs ou en endossant le costume de personnages comme Jacques Michelin (rien à voir avec les pneus) qui appelle tous les chanteurs qui ont écrit des chansons d’amour qui parlent de son chagrin d’amour, de cet homme d’âge mûr qui vit en couple avec un jeunot, du fan devenu secrétaire de Barbara Streisand et qui n’en peut plus de l’entendre chanter…
La mise en scène de Benjamin Guillard est sobre, efficace et n’appelle pas les applaudissements à tout crin. Nous sommes presque dans une histoire, celle d’un homme (ou de plusieurs) qui veut qu’on l’aime… désespérément. Les mots sont subtiles et le phrasé dosé. On rit aux éclats comme on sourit aux aventures à la fois absurdes et très ancrées dans la réalité de tous ces personnages décalés an quête d’amour qui nous ressemblent un peu. Les aigles bien que voyant des lapins de très loin sont homophobes, si, si. 

C’est un spectacle délicat et drôle, qui sous des airs légers nous parle de la vie.

Et je dirais à ce spectateur invité, qui ne doit pas priser les humoristes et les one-man-show en général que je ne sais pas où il a vu que « c’était plutôt lourdingue » et que je crois plutôt que c’était lui le gros lourdaud.

 

 

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