La vie n’est pas un long fleuve tranquille pour les personnages de deux pièces dramatiques ancrées dans la réalité d’aujourd’hui. De belles pièces d’auteur, portées par leurs interprètes qui restent en tête bien après les avoir vues.
Que l’on soit dans la misère au fin fond de l’Amérique enceinte de son 5e enfant pour Baby ou ado désespéré sans arriver à l’expliquer dans une famille aimante dans Le Fils, il faut bien du courage pour survivre. Un courage qui ne suffit pas toujours qu’on vous tende ou non la main. Deux pièces émouvantes et fortes.
Au Théâtre de l’Atelier, Baby de Jane Anderson, raconte l’histoire de deux couples si différents mais aussi si proches dans leur désespoir. Wanda et Al vivent dans une une caravane (superbe décor très réaliste), dans un village de l’Amérique profonde dans la promiscuité d’autres caravanes de familles miséreuses. Ils n’ont pas fait d’études, croient en Dieu et sont bien loin des villes où les couples un peu bobos, mangent bio et pensent politiquement correct. Lui picole et ne travaille pas ou l’inverse. Si le couple aime ses gamins, la mère sait bien qu’ils ne pourront assumer ce nouvel enfant. Pour se donner ou lui donner une chance, ils répondent à l’annonce d’un couple de Los Angeles. Rachel et Richard ont tout ce qui leur faut sauf un enfant pour parfaire leur bonheur.
Les femmes se rencontrent et chacune, va vouloir se montrer sous son meilleur jour. Et chacune va voir l’autre par le prisme de sa propre vie. L’auteur les montre bruts et vivants sans donner de leçon. Leurs différences provoquent souvent les rires. Entre eux, un enfant qui n’est pas encore né, les lie un temps . Mais le destin va encore jouer et leur poser un impossible dilemme. Personne n’est à blâmer mais la vie est dure pour ceux qui n’ont rien que l’espoir. L’espoir que tout se passera bien, un jour.
Isabelle Carré, Wanda apporte sa lumière, Camille Japy ( adaptatrice), Rachel, sa fragilité derrière son éducation. Toutes deux sont intenses et jouent sur le fil grâce à la mise en scène d’Hélène Vincent. Les hommes sont pragmatiques mais tout aussi perdus. Bruno Solo arrive dans le dernier acte et joue une partition dramatique excellente. Une pièce qui reste en tête avec une question: je ferais quoi moi dans cette situation? Le mieux possible…
A la Comédie des Champs-Elysées, Le Fils est le dernier opus de la trilogie de Florian Zeller après La Mère et Le Père. La pièce est tout aussi intense que les précédentes.
Nicolas est le fils d’un couple divorcé. Il ne va plus à l’école, parle mal à sa mère et ne sait pas pourquoi la vie ne l’intéresse plus. Quand il demande à vivre chez son père, le père l’accueille dans son nouveau foyer avec sa jeune femme et son bébé. Il est là pour lui, essayant de lui redonner confiance, de le remettre sur le chemin de sa vie, comme il peut. Nicolas semble aller mieux. Le père est heureux jusqu’à ce qu’il découvre que son fils ne fait que donner le change…
Rod Paradot, (le jeune comédien du film La Tête Haute, récompensé par un César) est magnifique en enfant perdu qui répète les mêmes phrases ne sachant pas mettre des mots sur son mal être. Le texte n’est pas répétitif, ni lent, il est tendu et juste. Anne Consigny est une mère dépassée et impuissante qui va chercher de l’aide chez son ex-mari. Yvan Attal est un père sûr de lui, de son amour, de son devoir envers son petit qui avait, enfant, un si beau sourire.
La pièce est rude et forte. Chacun peut y retrouver une situation, une réaction… elle raconte une histoire simple et donne le douloureux message qu’on ne peut sauver l’autre que s’il le veut.