La machine de Turing de et avec Benoît Solès au théâtre Michel, nous plonge dans l’histoire d’Alan Turing qui a décrypté le code sophistiqué des messages allemands pendant la guerre. C’est l’histoire d’un homme, bègue, d’un génie inadapté à la vie normale qui croyait en l’intelligence artificielle telle une obsession, d’un homosexuel aussi dont les moeurs tombent sous le coup de la loi. Un récit captivant, passionnant et touchant.
Alan Turing porte plainte pour une tentative de cambriolage. Nous sommes dans les années d’après-guerre, les années de guerre froide. Le policier est sceptique et même soupçonneux. Qui est cet homme un peu bizarre, ce professeur qui parle de machines qui peuvent penser? Qu’a-t-il fait pendant la guerre? Ce célibataire pourrait-il être un espion de l’est? Difficile à Alan, tenu au secret, de se défendre dans un contexte hostile.
Benoit Solès nous fait voyager dans le présent et dans le passé d’Alan. Nous assistons à son recrutement par les services secrets pour décoder la machine Enigma des allemands, à sa vie solitaire en quête d’amour masculine et d’amour tout court et jusque dans son enfance. Nous décryptons petit à petit son histoire et sa personnalité. Nous découvrons son parcours de vie grâce à quelques objets emblématiques placés dans sa bibliothèque qui se transforme au gré du récit en la machine de Turing.
La construction fine de la pièce, sans être une comédie, a des moments légers et drôles. La mise en scène inventive de Tristan Petitgirard et le décor léger modulable agrémenté de vidéos inventives , servent à merveille l’histoire et le jeu des acteurs.
Benoit Solès, incarne Alan Turing de tout son être. Amaury de Crayencour endosse avec facilité et justesse les costumes des autres personnages qui jalonnent la vie de Turing.
La pièce est passionnante et touchante. A la sortie, vous n’aurez qu’une envie: en savoir plus sur ce personnage réel, abîmé par la vie et les hommes, condamné au secret et qui a changé le cours de l’Histoire.