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BEL ECUYER: une chronique absolument pas parisienne mais comme la campagne est à Paris ce week-end de pentecôte, je me suis dit, ça leur fera des vacances!

Il était grand, j’étais petite.

Il était élancé, j’étais ronde

Il avait du succès, je faisais tapisserie,

Il était beau,

j’étais…intelligente.

–          Puisque tu n’es jamais montée à cheval, je t’offre une ballade avec moi. Ca te dit ?

–          Avec toi ?

Je veux.

Enfoncées les blondasses californisées aux seins siliconés qui avaient l’habitude de l’entourer.

J’allais être sur la bête avec lui, seule. Et là, là…

Fallait déjà monter sur l’engin, le truc, que les écolos mettraient bien  à la place des 4×4. Pas le vélib’. Le cheval.

–          Je passe devant et je t’aide.

Super.

–          Passe ton pied dans l’étrier et prend une impulsion, c’est simple.

Pour ceux qui savent c’est toujours simple. C’est pour les autres que c’est compliqué.

Hop là !

Hop là. J’y ai mis tellement du mien que je suis passée par-dessus.

Direct de l’autre côté de la bête.

Je ne vous dis pas la tête du cavalier émérite.

_ Mets y moins…d’énergie.

–          Tu crois ?

Là je m’y suis reprise à 3 fois, histoire de ne pas rater la croupe.

Installée. Ah c’est haut.

–          Tu te tiens et on y va.

–          Je me tiens où ?

–          Ben à moi, pas à la queue.

T’énerve pas, je demande. Je débute.

–          Tiens toi mieux que ça, tu vas tomber.

–          Mais non

Mais si…Au premier « tac tac » du maître de manège, le 4X4 pattes a démarré, moi j’ai glissé.

Direct. Suivez la queue, tout le monde descend.

–          T’as fini de faire le clown ? Quand je dis « tiens moi », tu me serres. OK ?

T’énerve pas, je débute.

Le voilà qui me recroise les mains sur son torse, manu militari.

Je ne demande pas mieux que de le serrer, je demande même que ça ! Mais bon j’ai mon quant à moi. Je vais quand même pas avoir l’air d’en profiter. Entendons-nous : je veux bien en profiter mais je ne veux pas que ça se voit.

Bon je suis obligée de serrer, je serre.

–          faut que je respire quand même.

Pauvre type…

–          là t’es bien ?

Super…

On y va.

Oh là Bijou. C’est qu’elle est pressée, Rossinante.

–          Ca va ?

–          Je m’y fais.

–          Tant mieux, on décolle. Saute en même temps.

Quoi, saute quoiaaaah.

Après les fesses bleues, je me suis niquée le dos à l’atterrissage, sûr.

–          Je t’ai dit « saute ». Faut suivre, l’accompagner.

Je vois pas bien ce que je peux faire d’autre. Je vais pas descendre en marche.

_ C’est cool, hein ?

Super…

–          Au pas tu préfères ?

–          Oui, je préfère.

–          C’est beau le galop. Sentir vibrer l’animal…

–          C’est beau.

Ca doit être beau quand t’es pas crispée sur la bête pour ne pas tomber sous les 4 fers, broyé par les sabots.

–          Contrôle l’assiette.

Quoi ? là aussi. Déjà que je la contrôle toute l’année, l’assiette. A force d’être en régime en permanence. Je fatigue.

On a fait une ballade sous les arbres, on s’est posé et on est rentré.

Au retour, les meilleures choses ont une fin, il m’a passé les rênes.

–          On échange. Monte devant.

–          Mais toi, tu es là ?

–          Evidemment je vais pas courir à côté.

Sur un ton mais sur un ton. On sent bien que ça ne lui est jamais arrivé de courir à côté.

–          je reste derrière, je te tiens.

Oups, c’est normal « collé-serré » comme ça. Je le croyais alsacien pas antillais.

D’une main, il m’enroule la taille, de l’autre, il prend les rênes de secours, des cuisses il fait avancer Zingaro.

Une question me taraude pendant que Don Quichotte discourre sur la sensualité du pur sang.

Contrôler, c’est pas le tout. Moi j’aimerais bien qu’on ne se contrôle plus. Quand est-ce qu’il m’embrasse ?

Franchement l’officier de cavalerie n’a pas cru que j’avais cru qu’il penserait qu’il voulait vraiment me montrer le crottin de cheval ?

Dans les contes, c’est quand qu’il passe au baiser, le prince charmant ? Trouvez-moi Andersen.com, recherche « baiser ».

C’est quand qu’il descend de la monture pour recueillir sa récompense, de la belle ?

La belle, c’est moi.

Oui parce qu’il faut descendre.

Parce que s’embrasser sur un cheval, c’est pas gagné. Et puis le prince c’est pas Bartabas, quand même.

Vu qu’on est placé l’un derrière l’autre, faudrait que je me retourne sinon je vais m’attraper un torticolis. C’est pas possible.

Si je change de position pour me retrouver face à lui, ça tient de la cascade de Cosaques de la grande époque fonçant sabre au clair sur les poilus, surpris.

Et vu comment j’ai atterri dessus au départ, j’abandonne l’idée.

Cahin caha, chemin faisant, nous voilà de retour au parking, au garage, enfin à l’étable. Je suis une fille de la ville moi.

Je sens que ça va être là…

–          Je descends d’abord.

–          Et moi ?

–          Ben après

T’énerve pas. Je débute. J’ai juste pas envie de rester coincée sur « Idéal du Gazeau ».

Je refais pas un tour de manège. Je veux bien décrocher la queue du Mickey mais j’arrête là. Il est haut en plus, cet animal à crinière rousse.

Il saute, royal.

Pas le cheval, le cavalier. Mon cavalier.

–          Maintenant tu passes la jambe par-dessus l’encolure et tu descends à l’amazone, en glissant.

–          Mais j’enlève les pieds de l’étrier ?

–          Evidemment.

T’énerve pas, je…

Bizarre, j’avais qu’à descendre comme je suis montée. Surtout que quand je suis montée, je suis descendue direct sans passer par la case « cheval ». Il me complique là.

A moins que…

Il ne veuille un baiser romantique, l’animal. Me prendre dans ses bras dans la descente.

Après tout ce que je lui ai fait, il a le moral le prince de penser qu’il va me rattraper au vol.

C’est que je ne lui déplais pas trop, alors ?

Hop, encouragée, d’un geste large, je passe la jambe par-dessus l’encolure, souple et légère.

Je glisse telle une nymphe,… en gardant un pied dans l’étrier alors que… Pégase s’écarte.

Heureusement Aragorn m’a retenue, saisie au vol et serrée contre lui pour me coller doucement un baiser parfumé équidé.

C’était beau.

On n’a jamais recommencé.

L’équitation, je veux dire.

Pour le reste, c’est du grand galop !