Soupçonnez-vous quelqu’un ?
Vous avez des problèmes avec un voisin ?
Avez-vous des ennemis… ? me dit le pandore d’un air comme ci, comme ça.
Ben…non, enfin je ne crois pas.
Vous êtes sûre ?
Autant qu’on peut l’être quand on vit à Paris et pas en Corse, qu’on a un boulot d’une platitude effrayante qui n’a aucun rapport mais aucun avec le banditisme, le fisc ou la banque. En un mot, aucune raison plausible d’avoir des ennemis.
Je suis au commissariat.
Un plaisantin, une andouille, un pauvre type (je ne peux envisager une femme dans ce rôle), a cassé, pété, explosé, la vitre de ma voiture. Comme ça pour rien. Rien à voler à part des cartes routières (ben oui même pas de GPS, excusez-moi)
Aurais-je des ennemis dans le XVe ? Ailleurs, je ne dis pas mais pas dans mon quartier. Dans mon Franprix … je n’y achète pas les légumes qui sont chers et moches, chez mon boulanger où je ne me sers qu’une fois par semaine pour cause de régime, chez le primeur parce que j’attends dimanche, 12h30 quand il solde les radis ou les framboises…je m’interroge.
Non. Pas d’ennemis.
Pendant que l’officier (mignon d’ailleurs) tape plus vite que moi, le capitaine à côté parle avec son équipe. Chouette, je suis dans un film. Enfin un téléfilm, ce n’est pas le quai des Orfèvres non plus. Ils parlent et moi j’écoute. Une affaire en cours dont je n’ai pas saisi le moindre tenant et aboutissant. Le capitaine (un autre l’a appelé « capitaine ») finit par pousser la porte de communication entre les deux bureaux. Fin de ma carrière de Sherlock.
Un mot sur la porte vitrée qui vient d’être fermée, attire mon regard.
« Glace sans tain ». Souligné. Puis en dessous : « Nettoyer avec de l’eau et un chiffon doux ».
Super la police.
D’un coup, elle précise au suspect qu’il peut être regardé de la pièce d’à côté. Sympa de prévenir.
D’un autre, on apprend qu’elle s’y connaît en ménage.
Jamais là où on l’attend, la police.