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Soirées en demi-teinte : comédie de boulevard classique et comédie de mœurs tiède

La comédie de boulevard, Le Muguet de Noël et la comédie de mœurs, Trahisons de Harold Pinter, ne tiennent pas toutes leurs promesses. Que cela ne vous empêche pas d’apprécier le jeu des acteurs d’un côté et l’écriture originale de l’autre.

Au théâtre de la Madeleine, Michel Fau, qui a connu le succès, notamment pour ses excellentes revisites des pièces des années 70, s’attaque pour la première fois à l’auteur britannique Harold Pinter, prix Nobel de littérature.
Une femme, Emma, Claude Perron, un mari, Robert, un amant, Jerry, Roschdy Zem, accessoirement meilleur ami du mari : Pinter prend le classique trio de la comédie de boulevard et analyse les relations croisées des personnages durant leur cohabitation.

Au programme, trahisons, mensonges et faux-semblant. L’amour ? Assez absent… Pour encore plus de mystère à moins que ce ne soit pour nous aider à y voir plus clair, Pinter commence par la fin. L’histoire démarre alors que Jerry retrouve Emma dans un bar quelques temps après leur rupture. Enfin, la pièce débute alors que Robert et Jerry, les deux meilleurs amis, jouent au squash.

Puis les scènes remontent le temps qui défile à l’envers au rythme de la déliquescence  des couples. Meilleurs amis, amants, mari et femme. Nous voilà un peu comme dans Colombo où l’important n’est pas de trouver l’assassin,on le connait dès le début, mais de savoir comment l’inspecteur va le confondre en suivant tous les petits détails… Ici l’objectif est de savoir comment ces 3 cobayes en sont arrivés là. Nous regardons les personnages tels des scientifiques analysant les réactions des cobayes.

L’enquête est intéressante. L’écriture de Pinter se lit entre les lignes, les silences sont parlant et les propos cruels. Il manque un peu de sauvagerie et de cruauté dans cet univers policé.
La pièce est déjà déstabilisante, il n’était pas forcément utile d’en rajouter avec un décor déconstruit et des lumières artificielles qui rajoutent à la froideur des sentiments.

Michel Fau, peut-être impressionné par le prix Nobel de littérature s’est empêché de faire « du Fau ». Dommage c’est le type de pièce où la mise en scène peut s’exprimer en toute liberté.   

Au théâtre Montparnasse, Pierre, (Frédéric Bouraly) chômeur et SDF suite à l’incendie de son appartement, .débarque chez son meilleur ami François, (Lionnel Astier).  Il est même le parrain de sa fille, Marion que François voit toujours comme l’enfant à protéger surtout de ses petits copains qui ne trouvent jamais grâce à ses yeux de père.

Ce soir là Marion fait très fort en présentant son nouveau petit ami plus âgé qu’elle et qui est aussi le patron soi-disant pas très finaud de son paternel. François va demander à Pierre son aide pour que sa fille rompe mais sans que son travail n’en souffre. Chacun joue un jeu mais attention, à malin, malin et demi. 


Dans la pièce, Lionnel Astier  et Frédéric Bouraly sont un peu comme le clown blanc et l’Auguste. L’un subit l’autre jusqu’au moment où le souffre-douleur se rebiffe se révélant pugnace. Les comédiens se démènent, le rythme est soutenu, le patron, Jean-Luc Porraz se fait idiot à souhait, Alexie Ribes joue de sa plastique aussi bien que de son talent, l’écriture a ses morceaux de bravoure sans pour autant se démarquer d’une comédie de boulevard convenue. Dommage j’avais beaucoup aimé la précédente pièce des auteurs   Sébastien Blanc et Nicolas Poiret, Deux mensonges et, une vérité. 

Théâtre de la Madeleine: et maintenant on soupe!

Ici non plus il ne se passe rien si ce ne sont les jets de pierre du peuple dans les vitres de chez M de Talleyrand incarné superbement par Niels Arestrup. Nous sommes dans Le Souper  au théâtre de la Madeleine. Talleyrand reçoit Fouché que joue Patrick Chesnais, dans un jardin entouré de tonnelles et de candélabres allumés.
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Un décor cossu et magnifique à l’image du propriétaire qui méprise Fouché moins raffiné et esthète que lui. Les ennemis d’hier (et de demain) doivent s’entendre sur le nouveau régime de la France alors que Napoléon a été défait à Waterloo et que les alliés sont dans Paris. La joute verbale ciselée par Jean-Claude Brisville et mise en scène par Daniel Benoin avec beaucoup de finesse pour éviter le côté statique du dîner, tient toutes ses promesses. Machiavélisme et esprit ravissent les spectateurs suspendus aux lèvres des deux personnages pourtant bien sombres et aussi retors l’un que l’autre. Ils évoquent les hauts faits et les basses oeuvres de l’un et de l’autre entre  la dégustation de deux mets exceptionnels.Les ennemis d’hier finiront par s’entendre… un temps.  Evidemment on ne peut que trouver des résonances avec la politique moderne et le fait que les citoyens tiennent bien peu le destin de leur pays en main.

PHOa448eda8-a9fb-11e4-88ed-e49c836c97e4-805x453Tout repose sur les mots et le jeu des comédiens (mention à Niels Arestrup) qui sont comme des poissons dans l’eau et semblent aussi « amis » sur scène que dans la vie si on en croit l’absence de regards complices sinon de regards tout court, aux saluts…

Théâtre de la Madeleine  Le Souper de J-Cl. Brisville, mise en scène Daniel Benoin 01 42 65 07 09

En passant

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En passant

 Deux spectacles à retenir en ce début de saison théâtrale parisienne un peu mi-chèvre, mi-chou: Diplomatie au Théâtre de la Madeleine avec André Dussolier et Niels Arestrup.Le rideau se lève sur la suite du colonel allemand à l’hôtel Meurice et sa vue … Lire la suite