Archives de Tag: théâtre hébertot

En passant

Transposer au théâtre Misery, un livre signé Stephen King est une gageure, surtout qu’il a déjà donné un film où Katie Bates a remporté un oscar. Faire peur au théâtre est toujours risqué ou on tombe dans le grand guignol … Lire la suite

En passant

Deux récits de vie dans deux pièces qui n’ont rien à voir entre elles mais ont tout de même un point commun: le retour dans le passé qui explique bien des actes présents. Dans Mémoires d’un Tricheur,  le seul roman … Lire la suite

Des Gens Bien : Miou-Miou dans une pièce qui a du sens

Miou-Miou revient au théâtre avec un rôle qui est fait pour elle dans « Des Gens Bien », au théâtre Hébertot, une pièce qui aborde de vraies questions sociales. Ce qui n’empêche pas de rire mais tout en nuances et en ayant matière à réflexion une fois le rideau tombé.

aFFICHE_2-DES_GENS_BIENMargie est une femme courageuse, un peu comme tous ses voisins dans ce quartier défavorisé de Boston. Elle y est née comme ses voisins, est allée à l’école, y a connu ses premières amours. Elle y habite et a priori y habitera toujours vivotant de petits boulots.  Tout commence avec son licenciement de la petite supérette où elle est caissière; elle est en retard. Pas de sa faute, sa voisine qui garde sa fille handicapée mentale est souvent en retard. Que faire? Une de ses amies lui suggère fortement de demander de l’aide à son ex de jeunesse qui lui, a réussi. Mike est devenu médecin et vit ailleurs dans une belle maison.

Vu comme ça on se dit ouh la, bonjour Cosette! Et bien non l’histoire n’est pas misérabiliste. C’est une pièce excellente qui se demande si on a le choix quand on est pauvre, sans véritable famille, sans espoir, sans perspective voulue ou possible, de se sortir de son milieu. Elle aborde aussi les préjugés. Raciaux, bien sûr, c’est une pièce américaine, mais aussi les préjugés des riches sur les pauvres mais aussi des pauvres sur les riches ou ceux qui le sont devenus. Est-ce qu’on se payer le luxe d’être quelqu’un de bien quand on a rien? Peut-être pas. Mais solidaire, on peut l’être. Margie qui cache aussi des secrets, peut compter sur ceux qui partagent la galère.

Il n’y a pas de jugement sur les uns ou les autres. Si on y regarde de plus près chacun a sa galère ou cache ses petites ou grandes mesquineries. On se met juste à la place de Margie et l’on se surprend à se dire: et moi je ferais quoi? La mise en scène simple laisse la part belle au texte et au jeu des comédiens qui évoluent dans de nombreux décors stylisés mais pas froids qui suggèrent habilement les lieux.  Un spectacle servi par de très bons acteurs sincères et engagés de Miou-Miou à qui ce rôle va comme un gant à Aïssa Maïga, en passant par Patrick Catalifo troublé par son passé, Brigitte Catillon, fière et déterminée, Isabelle de Botton, toujours un peu larguée et prise entre l’envie d’aider son amie mais aussi de toucher son loyer et Julien Personnaz qui fait ce qu’il peut pour aider son amie malgré tout. Une pièce intelligente et forte même si le début est un peu lent, qu’importe.

Théâtre Hébertot Offre découverte jusqu’au 22 février.

Isabelle Gélinas: belle personne

« Il n’y a pas de caméra ? Parce que là j’ai une tête de japonaise ! » La comédienne, qui donne la réplique à Robert Hirsch, dans Le Père au théâtre Hébertot, n’est pas au mieux de sa forme. Au menu, infusion de thym pour faire passer le mal de gorge et la crève naissante. Dans l’antique loge poussiéreuse où on accède par un étroit escalier de bois, en montant deux étages et en redescendant un, Isabelle Gélinas se prépare à devenir la fille rejetée, mais aimante de ce père qui, devenu vieux, se perd dans sa réalité.

Isabelle est une belle personne, elle parle de son plaisir de jouer son rôle mais « surtout de jouer avec Robert Hirsch. Je n’en reviens pas. » Celle qui a eu Michel Bouquet comme professeur au Conservatoire, autre monstre du théâtre, est admirative de son partenaire, « je l’adore », cet acteur « traversé par 150 personnages. »

La pièce

Dans « Le Père », Florian Zeller a écrit une pièce totalement déconstruite, à l’image de ce qui se passe dans la tête de cet homme au crépuscule de sa vie. Il confond, oublie, mélange les êtres, les vivants, les morts, les lieux et redevient un enfant pour son entourage. Des scènes courtes, qu’on revoit sous des angles différents au gré de ce qui repasse dans la tête du personnage. « C’est puissant de construction. On peut la lire à plusieurs niveaux. »

On est dans son cerveau, dans sa tête, il est paumé, intrigué. Elle, est dans le déni de sa maladie, en prendre conscience est trop douloureux. » Isabelle joue Anne qui refuse de voir vieillir son père jusqu’au moment où son mari (l’excellent Patrick Catalifo) va lui ouvrir les yeux. La pièce est déconstruite et chaque scène se joue indépendamment des autres. « C’est ça qui est difficile, on doit jouer la situation, c’est tout, c’est la contrainte de la pièce. » Ladislas Chollat lui a demandé de garder l’émotion pour les dernières scènes. Isabelle s’y efforce mais quelquefois, l’émotion l’envahit. « On a l’impression de rien faire mais on est pile dedans. »

Souvent les comédiens puisent dans leur vie, dans leurs expériences, de quoi nourrir leur jeu, pas cette fois. « Je me suis interdite toute identification, je joue dans la distance. » Dans la distance mais pas dans l’indifférence du jeu de son aîné. « Dès que je suis en coulisses, je le regarde. Il m’épate. » Elle en oublierait presque de jouer.

Un partenaire incroyable

Les yeux d’Isabelle pétillent quand elle raconte la réaction de son illustre « père » Robert Hirsch, quand Florian Zeller, l’auteur et Ladislas Chollat, le metteur en scène, ont annoncé à Robert Hirsch qu’elle serait de l’aventure : « il a trépigné. » Le comédien, bon camarade, curieux du travail des autres, était venue la voir « deux fois » dans L’Illusion Conjugale et dans Le Jardin. « Je me suis dit : Vas-y faut y aller, je suis fan ! » En coulisses, hors scène, « il raconte plein d’anecdotes, il est d’une énergie incroyable. »

C’est une « pièce super belle, ça me change de la famille Boulay. Tout en passant son pinceau à poudre sur le visage, elle crie : « Denis ! », comme Valérie Boulay,dans la série télé à succès « Fais pas ci, fais pas ça ». Elle apprécie de sortir de la série et de jouer autre chose. « Je suis gâtée au théâtre avec de beaux rôles, depuis quelques années. Même si je ne suis pas appelée au cinéma, j’ai toujours travaillé dans des œuvres de qualité à la télévision. » D’ailleurs, bientôt, elle va tourner dans une série suisse. Isabelle est très flattée, les réalisatrices attendent qu’elle soit libre.
Et modeste avec ça…

La saison 5 de Fais pas ci, Fais pas ça reprend le 5 novembre.
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